Galerie It’s.Art.Ist

Rue Bruyère-Saint-Jean  –  Waterloo

2009

Par Roger-Pierre Turinne

Souffles et sons d'Ardoises

Le plaisir de retrouver Anne Jones en ses quêtes plastiques est toujours gratifiant, ludique, poétique.
L’ardoise l’occupe depuis un moment, comme si ce matériau naturel, particulier à nos Ardennes, réfléchissait en elle des bruissements d’identité, des musicalités intérieures.
A Waterloo, dans une exposition qui se mérite, car il faut y entrer en écartant les poncifs habituels de l’œuvre d’art et le lien, simple et convivial, y prédispose, Anne Jones (1951) a déposé un double ouvrage qu’elle a, curieux cheminement convenons-en, fait siens en y touchant à peine. Comme si la nature avait œuvré pour elle, l’avait enjointe à orchestrer la démonstration de ses pouvoirs infinis. Jones, pour ce faire, ramasse d’abord des morceaux d’ardoise, qu’elle choisit carrés ou rectangles. Ils seront une partie du travail en gestation. Puis, armée de papiers, elle va au lieu d’extraction, pose ses feuillets sur le sol, attend que l’usinage leur projette dessus eau et poussière. Séchés, elle déposera ses bouts de papier suivant un rythme et des suites d’images relevant des sensations que leur vue dégage en elle … Regardez bien une coupe d’ardoise, vous y verrez comme des paysages. Or, la projection d’eau et de poussière d’ardoise sur un papier y dessine à son tour des chants de la nature. En les associant, l’artiste se crée et nous crée des univers emplis de rêves, d’immatérialité.
Discret, surprenant.
Des souffles qui deviennent beauté organique et musique. Et, en effet, des musiciens parfois l’accompagnent.

Par Ludovic Recchia
Site de la Galerie It’s.Art.Ist

Anne Jones choisit ses matériaux parce qu’ils imposent diverses contraintes naturelles dont leurs propres couleurs, leurs vibrations, mais aussi leurs différents silences appréciés comme musicalité universelle.
Ainsi la forme s’incline devant une telle évidence et s’ enrichit de l’histoire qui a façonné la matière première. L’ardoise tout particulièrement. Débitée en tranches, elle impose sa personnalité, ses exigences à ce désir de créer la forme et qui pousse la sculptrice à façonner des volumes purs.
Ce sont de tels couples conceptuels qui poussent Anne Jones, sans le savoir, à créer ces paradoxes ontologiques entre être et vouloir.
C’est surtout à travers cette expérience que sa sculpture est si singulière.

Up to Art
2009

Éblouissements

Depuis plusieurs années maintenant, Anne Jones travaille le schiste. Fascinée par les ombres et lumières que ces fines feuilles de pierre accueillent et révèlent, elle les a, au gré d’explorations diverses et curieuses, regroupées aléatoirement, puis alignées, puis ordonnées en formes géométriques intemporelles comme la sphère. Pour ce faire, il lui faut scier l’ardoise, la fendre en une ligne la plus droite, la plus contradictoire même avec la nature laminée du schiste. C’est précisément le choc de cette intervention qui est à l’origine de cette exposition. Anne Jones confie :  « Imaginez la force cinétique du disque diamanté envoyant l‘eau, chargée de poussières d’ardoise, gicler sur le mur. Imaginez cette eau ruisselante se diriger vers le bac de décantation entraînant avec elle cette poussière, ce sédiment vieux de millions d’années. Imaginez ces papiers après séchage, ne révélant pas simplement de la poussière d’ardoise, mais des paysages de brumes, de montagnes, de mers agitées… ».
L’ardoise et le papier, mis côte à côte, invitent ainsi à de véritables éblouissements.