Anne Jones, jeune femme sculpteur, veut réconcilier le regard humain avec la patience, la curiosité sensible… Dans le flot des images imposées, elle propose une sorte de méditation visuelle à partir d’un jeu très réfléchi où le carré et le triangle modulent des variations, des rythmes multiples. La démarche chez elle peut paraître austère, nourrie d’une géométrie essentielle, cependant la richesse des approches possibles est indéniable. Et la poésie agit discrètement mais avec intensité.
Trois carrés connaissent la blessure impeccable de la tige filetée, engendrant un écartement de plus en plus visible. Et une vitre translucide, toute scintillante cache ou découvre chaque séquence. Le spectateur peut participer. Un équilibre fragile fait vibrer un triangle sectionné, transpercé. Trois triangles se suivent en cadence noire et blanche, et le sombres naissent denses ou transparentes. Vingt carrés, peints de façon gestuelle et forte, aux tonalités sombres, permettent une composition en damier en perpétuelle mutation. Il y a de plus tout un sol recouvert d’une architecture plane, aérée, à l’harmonie doucement décalée. Ici l’envers vaut l’endroit, le découvert peut se voiler. Une stratégie pleine de justesse et de complexité anime ces formes premières.
Peut-être qu’Anne Jones a raison. Que le regard doit s’aiguiser… Son art remédie réellement à la maladie du vite vu, mal vu. Il réveille en nous notre esprit d’analyse et notre capacité d’émotion.
Belle gageure !