Galerie ABC
rue Lebeau, 53 – 1000 Bruxelles

28 novembre 2000 – 6 janvier 2001

Par Danièle Gillemon
Le Soir – 13 décembre 2000

Anne Jones, par un beau jour d'été

La sculpture au féminin, impensable jadis sauf cas particuliers comme Camille Claudel et plus tard Germaine Richier…, a aujourd’hui de nombreuses adeptes et croyez-le, ces femmes jeunes ou moins jeunes, ne se cantonnent pas dans des ouvrages de dame !

Anne Jones n’en est pas à sa première exposition, loin de là mais son œuvre appréhende l’espace avec de plus en plus de franchise, se fait monumentale avec aisance sans cesser de chérir des pièces plus petites et plus secrètes.
Elle s’était déjà distinguée récemment lors de l’implantation, aux côtés de Dodeigne, de l’une de ses œuvres dans le jardin de sculptures de l’UCL.
Aujourd’hui, une exposition· accueille des œuvres de la même famille, le huis clos de la galerie tout en longueur convenant aussi bien, heureusement, à ces formes oblongues et strictes que le jardin de sculptures.

La pièce principale, très belle, trône au milieu de la galerie, variante de celle de l’UCL. Plomb pour l’enveloppe, schiste
« feuilleté » ou strié emplissant l’intérieur comme une mystérieuse cargaison, elle joue sur des valeurs subtiles et s’inscrit fermement dans l’espace. On est frappé par l’élégance de cette longue forme courbe et la beauté spécifique d’un matériau longtemps négligé. De cette simplicité et cette concision, de cette maîtrise de la relation entre forme et espace et de la perspective intelligemment étire naît une image pure, sorte de courbe du temps et de son ancrage dans la matière qui doit sa beauté à une austérité globale délicatement contredite, tantôt par la sensualité discrète des lignes, tantôt par l’apparence brute du contenu.

Variante sur le même thème plastique et poétique, la sculpture de dimensions beaucoup plus réduites mais non moins belle qui occupe la vitrine témoigne de la légitimité de la conception de base. Si sa petite taille en fait un objet à poser sur un meuble là où la pièce (mère) exige un espace (intérieur) assez conséquent, elle n’est pas, au chapitre de l’art ou de la vibration poétique, tributaire de la moindre perte.

Plusieurs séries de petites sculptures carrées qui ont la forme de boîtiers de plomb s’ouvrant sur de délicats et variés
« trésors » dialoguent avec la sculpture principale. Il n’y a pas entre elles de rapports précis, plutôt un connivence poétique. C’est quelqu’astre ou vaisseau abstrait posé sur le sol, la pureté sans sécheresse de la pièce mère ouvre toutes les voies à l’imagination. •

 

Deux années consécutives, j’ai travaillé durant les mois d’été à la réalisation de deux “failles de schiste” :
l’une, en 1999, à l’EspacewPartenaires à Hamois; 
l’autre, en 2000, pour le jardin de sculptures de l’Hôpital universitaire St Luc â Bruxelles.

Pendant ces longs mois passés à travailler l’ardoise m’est venue la nécessité de transcrire les impressions que la
matière me laissait, les connivences ressenties entre l’ardoise et d’autres matériaux, ses variations, ses symbioses
avec les différentes lumières du jour.

La multiplicité de ces regards se retrouve scellée en 31 petites boîtes, symbole des 31 Jours d’un mois d’été
imaginaire.
Ces 31 “éléments d’un regard’, regard posé sur l’ardoise, entourent une faille de schiste et de plomb recréant ainsi la convivialité d’un regard complice.

 

                                                                     A.J.

Par J. D.
Le Soir (Mad)- 13 décembre 2000

DE SCHISTE ET DE PLOMB

Ces derniers temps Anne Jones a travaillé la sculpture monumentale en interrogeant les miroitements du schiste. Aujourd’hui, elle continue cette recherche en galerie.

Le spectateur sera impressionné par une grande coque de plomb habitée méthodiquement par des lamelles de schiste. Lourd vaisseau poétique où rigueur et sensibilité se conjuguent.

Alignées tout autour, 31 petits boîtes de plomb renferment chacune un talisman secret, comme les 31 jours d’un mois imaginaire.
C’est une fausse cadence minimale qui révèle sous ses trappes carrées une marqueterie inattendue de compositions en relief sur fond noir, blanc ou doré. Il s’agit â chaque fois d’un ·singulier « élément du regard » qui enrichit notre vision.

La démarche d’Anne Jones demande une réelle contemplation méditative. Ici, la hâte n’est vraiment pas de mise, car chaque jour plombé abrite une dérive sobre mais fascinante.

Par Pierre Verlinden
15 décembre 2000

PAR UN BEAU MOIS D'ÉTÉ

En 1999 et 2000, Anne Jones a travaillé durant la période estivale à la réalisation de deux «failles de schiste».

De cette approche de l’ardoise s’est imposée pour l’artiste belge la nécessité de transcrire les impressions que la matière lui a laissées: jeux et variations de lumière, connivences avec d’autres matériaux.

La multiplicité de ces regards est superbement «piégée» dans 31 petites boîtes, symboles d’un mois d’été imaginaire. L’ouverture délicate et presque confidentielle des réceptacles laisse entrevoir dans leur simplicité, recherchée, des fragments d’ardoise dont les formes, l’isolement ou l’accumulation, la matérialité et la couleur interpellent notre propre regard et suscitent un rapport d’émotion